
Rancinan
Festins
du 7 mars au 9 juin 2019
Des orgies aux prières, du désir amoureux aux combats politiques, les histoires
du monde se jouent autour d’une table…
Le duo d’artistes, qui dialogue ensemble depuis plus de vingt ans et expose dans le monde entier a répondu
à l’invitation de Bernard Magrez, qui leur donne carte blanche pour venir créer une exposition
originale à l’Institut Culturel Magrez, au sein des murs historiques du château Labottière. C’est, pour
le photographe et l’auteure, un retour sur Bordeaux, après le succès incontestable de leur exposition à
la Base sous-Marine en 2016. Autour de minimalistes ou gargantuesques Festins, ils affichent au menu
leur vision d‘une société aussi touchante que grotesque.
Le monde se joue autour d’une table : désirs amoureux, réunions secrètes, décisions politiques, partages
et trahisons familiales, unions et désunions amicales, échanges spirituels, excès jusqu’à la décadence…
C’est ce “festin” que les deux auteurs ont choisi de transposer artistiquement comme concept social. La
tradition séculaire qui tient lieu de rituel culturel, constitue le lien social par excellence, où se joue la
comédie humaine. Cette grande mascarade fait saliver à souhait le spectateur que nous sommes ; les
traits y sont poussés à l’envie pour provoquer le rire et le malaise.
Les photographies monumentales de Gérard Rancinan mettent en scène plusieurs festins, convoquant
notre modernité, les enjeux d’une époque et ses contradictions. Dans chaque représentation, on pourra
y voir une référence à la “Cena”, mais ce n’est pas ce que l’on garde de la vision contemporaine qui en est
faite. S’il est question d’un partage dans sa forme la plus traditionnelle, il se joue autour de ces tables et
de ces convives des scènes de vie dans leur plus grande cruauté, véracité ou démesure. Le festin devient
l’hyperbole d’une société qui ne se comprend plus, avec une humanité dont les liens sont rompus entre
eux et qui se retrouve unie par l’excès: “Le big Supper”; “ le Festin des miettes”, “la Décadence”...
L’installation calligraphiée de Caroline Gaudriault réunit des écritures qui envahissent l’espace et dont
la légèreté rappelle à elle-seule une pensée ou une parole qui se pose. Elles inscrivent dans l’air des
bribes de conversations entendues : des paroles anodines aux secrets murmurés, à des décisions irréversibles
... Après un festin, il reste les mots et ce qui s’est joué. Ce que l’on ne pourra plus oublié… Dans
cette pièce que l’on pénètre, on devient le témoin, curieux et voyeur.
Les photographies des festins font partie de l’iconographie de Rancinan depuis toujours, comme un
thème obsédant. Certaines vont être montrées pour la première fois lors de cette exposition. Et pour
poursuivre ce voyage enivrant, les deux auteurs vont créer de nouvelles oeuvres in-situ, sous forme
d’installations et de vidéos. C’est à plusieurs festins imaginaires que l’on va assister, dans des décors
jouant à mélanger le réalisme à l’illusion. On s’approche d’une table, on y entend les convives, on est
soi-même visiteur et acteur. Ces installations originales sont des premières. On est plongé, en un même
temps, dans le décor d’une photographie de Rancinan et dans les textes de Caroline Gaudriault. Les auteurs
nous engagent à rentrer dans leur oeuvre, même si le voyage n’est jamais anodin, car il s’agit bien
de se trouver en face à face avec soi-même.